Visiter les foires aux santons, aller écouter la messe de minuit avec les Pastorales et les chants de Noël dans les petites églises perdues dans les campagnes, concocter de bonnes recettes de Noël, goûter les 13 desserts et les offrir aux convives,… venez vivre une expérience Noël en Provence !!
Le 1er dimanche de l'Avent marque le début du temps calendal, une période de réflexion pour préparer Noël.
Le 4 décembre, à la Sainte-Barbe, on sème du blé dans trois "seitouns" (soucoupes). Il sera posé sur la table à Noël.
Le 13 décembre, à la Sainte-Luce les jours rallongent du saut d'une puce et lanternes et bougies illuminent chaque soir les fenêtres des provençaux.
Le 24 décembre, on prépare la crèche, on déguste le Gros Soupa, et on patiente en restant réveillé (on réveillonne!) jusqu'à la messe de minuit. Au retour, on mettait le petit Jésus dans la crèche, on découvrait ses cadeaux et on se régalait des treize desserts et du vin cuit. Pour la nuit de Noël, la crèche vivante prend place dans l’église. Les autres personnages de la crèche (bergers, moutons, ânes), défilaient dans les rues du village en costume traditionnel.
Le 25 décembre, jour de Noël, était le jour de la dinde farcie. Après le repas, on faisait des visites ou l’on en recevait.
Le 26 décembre, autrefois jour férié, on mangeait l’aïoli en famille.
Le 31 décembre, à la Saint-Sylvestre, on réveillonnait jusqu’à minuit.
Le 1er jour de l’an, on ne travaillait pas et surtout, on ne devait pas faire la lessive !
Le 6 janvier, c'est l'Epiphanie. Les trois mages sont arrivés, annoncés au village par les galoubets et les tambourins. On mange en leur honneur une couronne briochée aux fruits confits dans laquelle est dissimulée une fève.
Le 2 février, la chandeleur marque la fin du temps calendal, 40 jours après Noël, et l'on défait la crèche.
C'est une tradition provençale, pendant les festivités de Noël, qui remonterait au XVe siècle. Véritable spectacle qui se joue dans les rues de la mi-décembre à la fin janvier, hors des églises et qui retrace la naissance du "petit Jésus", dans un village de Provence, avec des personnages drôles et truculents.
La pastorale est une sorte d’opérette qui comporte de nombreux passages chantés, les textes sont en provençal (même s’ils sont de plus en plus dits en français pour la compréhension du plus grand nombre) et la coutume veut qu’on improvise tout au long du spectacle. La plus célèbre des pastorales, créée en 1844 et toujours jouée, est celle d’Antoine Maurel. À noter que, selon l’étude de Paul Nougier, le premier « Mystère » précurseur de la pastorale fut joué à Draguignan en 1433. Pendant les fêtes de Noël, les pastorales les plus jouées dans le Var sont : la Maurel, l’Audibert, et la Bellot. Vous pourrez les découvrir, entre autres, dans les communes de : Besse-sur-Issole, Brignoles, Cavalaire-sur-Mer, Draguignan, Hyères, La Cadière-d'Azur, La Motte, Le Muy, Le Luc-en-Provence, Le Val, Les Adrets-de-l’Estérel, Les Arcs-sur-Argens, Ollioules, Ramatuelle, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Saint-Tropez...
Juste la veille de Noël les enfants partaient courir la colline et les bois pour récolter verdure, buis, thym, olivier, pin, mousse, houx, laurier-tin, mais aussi cailloux, pommes de pin, morceaux d’écorce… qui servaient à "construire" la crèche familiale.
On ne la faisait pas trop tôt pour que les feuillages et la mousse soient bien frais et tiennent jusqu’au 2 février, car la tradition voulait que la crèche reste en place jusqu’à la Chandeleur. Ces matériaux permettaient de créer le décor : la Provence, un pays géographique bien localisé, un village tel qu’on en trouve encore dans le Var. En effet, la crèche comprend obligatoirement le pays. Une vraie crèche ne peut se contenter de l’étable qui abrite la Sainte famille.
On agrandissait année après année son petit peuple de santons en se rendant auprès des marchands de santons provençaux ou auprès des vendeurs ambulants qui se promenaient dans les villes et dans les campagnes avant les fêtes de Noël. Autrefois en Provence, les santonniers se rendaient même dans les maisons et ils fabriquaient des santons en échange du gîte et du couvert.
On représente les quatre éléments, dans la crèche : la terre, avec de la mousse, l’eau avec un ruisseau, l’air avec un moulin et le feu avec une bougie. Les santons s’installent alors dans ce décor provençal, avec la Sainte Famille, les personnages typiques (le ravi, l’Arlésienne, le meunier, Roustide, Pistachié, le Boumian, l’ange Boufaréu…), les animaux et les rois mages. La décoration du laurier-tin, que l’on place au dessus de la table, puisqu’il demeure vert toute l’année, remplaçant le sapin de certaines traditions. C'est grâce à tous ces éléments qu'on obtient de magnifiques crèches de Noël provençales.
Plus d'infos sur les santons de Provence et santonniers du Var
Avant le gros souper, lorsque la table était dressée et que le feu dans la cheminée était allumé, le plus âgé de la famille et le plus jeune prenaient ensemble une bûche provenant obligatoirement d’un arbre fruitier.
Ils devaient faire trois fois le tour de la table avant de la poser sur le feu. On « boutait » (mettait) alors le feu à la bûche. Lorsque la bûche était posée sur le feu, l’aïeul ou l’enfant guidé par lui, l’arrosait d’un verre de vin cuit, en disant :
"Alégre, Alégre ! Diéu nous alègre, Eme calendo tout bén ven. Diéu nous fague la graci de véire l’an que ven, E se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens !",
"Joie ! Dieu nous donne l’allégresse ! Avec Noël, tout vient bien. Dieu nous fait la grâce de voir l’an qui vient, Et si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins."
Dans la tradition provençale, après l’aïeul et le plus jeune, toute la famille buvait une gorgée du vin chaud odorant, puis on passait à table.
Le "Gros soupa" ou gros souper en Provence, avait lieu traditionnellement le soir du 24 décembre et se terminait avant minuit pour permettre de se rendre à la messe de minuit.
La table devait être belle et le couvert devait rester mis trois jours. Tout d’abord on mettait trois nappes blanches de dimensions différentes afin que toutes apparaissent (la plus grande dessous puis la moyenne, puis la plus petite). La première nappe servait le soir même pour le gros souper, la deuxième pour le jour de Noël, la troisième pour le lendemain de Noël.
Sur la table on déposait les trois coupelles de blé, trois bougies et sa plus belle vaisselle. On n’oubliait pas de mettre un couvert de plus que le nombre de convives (place du « pauvre» aujourd’hui symbolique), car on ouvrait sa maison et sa table à un pauvre le soir de Noël. Puis on passait à la cuisine pour préparer le gros souper (certaines parties du gros souper avaient donné lieu à des préparations antérieurement, parfois même plusieurs semaines à l’avance !…).
Le menu s’établissait avec les produits du terroir et de saison. Les plats étaient au nombre de sept et pouvaient varier d’un coin du pays à l’autre mais demeuraient toujours les incontournables : la carde, les escargots, la morue, la muge, le céleri, les pois chiches et le fromage.
Les vins étaient au nombre de sept (si possible), et le vin cuit était absolument de rigueur.
Le pain calendal, lui non plus, n’était pas celui de l’ordinaire. Il s’agissait d’une miche ronde entaillée en forme de croix. Au commencement du repas on la partageait en trois : une part pour les pauvres, une part pour le souper, et une part pour les miracles.
On pouvait aussi mettre sur la table 12 petits pains et 1 un plus gros, décoré de branches de houx.
On terminait le repas par les treize desserts.
Selon la tradition provençale, les desserts étaient au nombre de treize et pouvaient légèrement varier d’un endroit du pays à l’autre : figue, amande, noix, noisette, raisin pendu, melon, pomme, poire, nougat, pâte de coing, pompe à l’huile d’olive et oreillettes. Les treize desserts étaient accompagnés du vin cuit.
Les treize desserts demeuraient sur la table durant trois jours, au grand bonheur des enfants.